Tour d'horizon trimestriel | ete 2023

Par Dafna Izenberg    |    Temps de lecture: 15 min

Intro Dans ce numéro, découvrez comment LINK Canada favorise l’inclusion dans l’industrie de l’assurance, et le rôle essentiel des AGP dans l’assurance du divertissement.

LINK Canada Quarterly Review 2023

Inclusion de la communauté LGBTQ+ dans l’industrie de l’assurance

LINK Canada a organisé sa fête de « révélation » pour le mois de la Fierté en 2023. Le réseau s’est formé autour d’un comité directeur composé de professionnels d’assurance de sept ou huit entreprises différentes, et qui s’identifient comme LGBTQ+ ou comme des alliés. Le but de LINK Canada est de créer un environnement plus inclusif pour les personnes LGBTQ+ dans l’industrie de l’assurance. Après un lancement officiel en janvier de cette année, Markel a commandité sa première fête, qui a eu lieu dans un restaurant du centre-ville de Toronto le 15 juin. Les « premières fois » sont toujours un peu angoissantes et les organisateurs de la fête n’étaient pas certains du nombre de personnes qui se présenteraient. Mais ils n’avaient pas à s’inquiéter : 200 personnes ont réservé des billets dès qu’ils ont été disponibles.

C’est le genre d’événement qu’attendait Ray Chaaya, vice-président associé de l’Expérience employé et responsable de la Culture chez Zurich Canada. En tant qu’homosexuel travaillant en assurance depuis 17 ans, il a trouvé peu d’occasions de réseauter avec d’autres professionnels LGBTQ+ du secteur à l’extérieur de son entreprise. Et ces occasions sont essentielles au réseautage qui a lieu lorsque des gens de différentes entreprises se rencontrent, indique M. Chaaya, également membre du comité directeur de LINK Canada. Il a ajouté qu’en particulier, les liens qui se créent évoluent souvent en « possibilités de mentorat et d’encadrement ». Le mandat de LINK Canada consiste en partie à faire en sorte qu’il y ait des endroits où les professionnels d’assurance membres des communautés LGBTQ+ se sentent à l’aise de réseauter avec d’autres membres de leur industrie.

L’industrie de l’assurance au Canada est de plus en plus sensibilisée à l’importance de l’équité, de la diversité et de l’inclusion.

L’industrie de l’assurance au Canada est de plus en plus sensibilisée à l’importance de l’équité, de la diversité et de l’inclusion. Plusieurs des plus grandes compagnies d’assurance ont lancé des groupes de ressources pour les employés (GRE), qui préconisent l’inclusion de la communauté LGBTQ+ et d’autres communautés. Mais selon M. Chaaya, les petites organisations n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour soutenir ces initiatives. Emily Morine, vice-présidente des marchés de Londres chez Crawford and Company et membre alliée du comité directeur de LINK Canada, fait remarquer qu’une organisation-cadre comme LINK Canada est un moyen de diffuser le soutien aux employés de ces entreprises. LINK Canada s’est récemment associée à un fournisseur pour commencer à donner de la formation et des conseils sur l’inclusivité aux partenaires de l’industrie qui prennent des mesures pour améliorer la diversité, l’équité et l’inclusion de leur personnel, par exemple en mettant sur pied des GRE.

LINK Canada fait partie d’un réseau plus vaste né au Royaume-Uni il y a une dizaine d’années. Erik Johnson, souscripteur actif du syndicat 5183 de MIC Global au Lloyd’s de Londres, fait partie de LINK UK depuis le début. « Je travaillais chez Deloitte, qui avait un réseau LGBTQ+, se souvient-il. Quand je suis arrivé sur le marché de l’assurance de Londres, il n’y avait rien de tel, et je me suis dit : “Voyons si nous pouvons créer quelque chose.” » Pour évaluer l’intérêt, il a participé à l’organisation d’un événement ouvert parrainé par Norton Rose Fulbright. Les invitations se faisaient de bouche à oreille, raconte M. Johnson. Quatre-vingts personnes sont venues. « Beaucoup plus que ce que nous pensions », dit-il.

Mais le groupe a rencontré plusieurs difficultés. Même s’il disposait de quelques « partenaires solides », il était difficile de recueillir des fonds, même pour un site Web ou du matériel promotionnel, se souvient M. Johnson. « Notre premier LinkedIn était entièrement privé parce que les gens ne voulaient pas nécessairement être associés publiquement au groupe », ajoute-t-il. Les choses sont très différentes aujourd’hui. LINK reçoit maintenant le soutien de plus de 40 commanditaires de l’industrie de l’assurance, et compte plus de 2 000 membres provenant de plus de 300 entreprises différentes. Il aide ces partenaires à coordonner leur participation au défilé de la Fierté de Londres et à organiser conjointement des événements LGBTQ+ avec des commanditaires. Ces dernières années, LINK a organisé des activités de collecte de fonds dans le cadre desquelles des entreprises ont soumis des participations à des concours (par exemple, pour le meilleur t-shirt de la Fierté), et tous les fonds recueillis ont été reversés à des organismes de bienfaisance LGBTQ+ au Royaume-Uni. Cette année, les événements de la Fierté dans l’industrie de l’assurance de Londres comprenaient de nombreux jeux bingo drag, des projections de films, des séances de sensibilisation et des événements de réseautage. « Il y avait presque trop d’événements de la Fierté dans l’industrie de l’assurance pendant le mois de la Fierté pour qu’on puisse assister à tout », dit M. Johnson. En 2019, LINK a remporté le Queen’s Award for Voluntary Service, qui, selon Johnson, est semblable à l’Ordre du Canada (il se trouve que Johnson est Canadien). « Les deux coprésidents de l’époque ont été invités à une réception en plein air au palais de Buckingham pour la remise de leur prix », a-t-il précisé.

  

« Notre industrie vieillit, et tous ces jeunes talents sont en train de nous rejoindre. Leurs exigences et leurs attentes sont différentes. »

L’aspect bénévole du travail est un autre défi. « Nous sommes tous extrêmement occupés et nous travaillons à temps plein, a dit M. Chaaya. Je pense que nous restons dans ce groupe parce que nous sommes tous très passionnés. » D’après lui, le plus grand obstacle est peut-être le fait que l’industrie de l’assurance est dominée depuis de nombreuses générations par des hommes hétérosexuels. Une partie de la mission de LINK Canada est d’attirer des talents plus diversifiés. Le réseau s’est donné pour objectif de contribuer à faire de l’industrie de l’assurance un employeur de choix pour les communautés LGBTQ+. Selon M. Chaaya, certaines entreprises y sont plus favorables que d’autres. « Certaines sont plus exposées aux communautés LGBTQ+ que d’autres, dit-il. Je pense que c’est le genre de défis que nous allons rencontrer et c’est ce qui est motivant. »

Les efforts déployés par LINK Canada pour rendre l’industrie de l’assurance plus attractive pour les professionnels LGBTQ+ pourraient s’avérer essentiels. L'étude démographique de 2022 de l’industrie effectuée par l’Institut d’assurance du Canada a révélé que le recrutement et le maintien en poste font partie des principales préoccupations des compagnies d’assurance. Lorsque M. Chaaya et Mme Morine se sont récemment rendus à une foire de l’emploi, certains étudiants ont semblé surpris de les voir. « Ils nous ont presque dit : “On ne s’attendait pas à vous voir ici en train de parler de ça”, raconte M. Chaaya. Notre industrie vieillit, et tous ces jeunes talents sont en train de nous rejoindre. Leurs exigences et leurs attentes sont différentes. »

Le Canada fait partie des trois nouvelles antennes de LINK, avec les États-Unis et les Bermudes. Selon M. Johnson, LINK Canada a « pulvérisé des records » en ce qui concerne la sollicitation du soutien de l’industrie. Moins d’un an après son lancement, LINK Canada compte plusieurs commanditaires, tant du secteur des entreprises que du secteur des organisations sans but lucratif. « Les Canadiens ont battu le Royaume-Uni, ils ont battu les États-Unis, précise M. Johnson. Nous les envions un peu en raison de la rapidité avec laquelle ils ont tout construit à partir de rien. »

La nouvelle étude démographique de l’IAC a révélé une baisse de l’insatisfaction des employés de l’industrie à l’égard des efforts de leur entreprise en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, qui est passée de 20 % en 2017 à 9 % en 2022. Entre-temps, la satisfaction des employés à l’égard des efforts de leur entreprise sur ce même critère est passée de 35 % en 2017 à 53 % en 2022. Bien que cela soit encourageant, le rapport a également révélé que la plupart des entreprises n’avaient pas de données sur le nombre d’employés qui s’identifient comme faisant partie de la communauté LGBTQ+. Plusieurs des entreprises qui ont répondu au sondage ont indiqué qu’elles ne recueillaient pas ces renseignements parce qu’elles ne les trouvaient pas utiles pour le recrutement. Le rapport souligne que « les organisations seront probablement forcées de réexaminer cette question », car les critères de diversité, d’équité et d’inclusion constituent une priorité « dans des secteurs concurrents tels que la finance, les services-conseils et les services professionnels ». Savoir combien de personnes de votre entreprise s’identifient comme LGBTQ+ signifie que vous pouvez mieux les soutenir; il s’agit également d’une mesure claire pour savoir si vous attirez des talents diversifiés.

Au Royaume-Uni, LINK s’est associée à des courtiers et à des assureurs pour créer des lignes directrices que les entreprises peuvent suivre en ce qui concerne les avantages sociaux, l’inclusion, la collecte de données sur la diversité, l’équité et l’inclusion, et le recrutement, qui tiennent compte des besoins des personnes LGBTQ+ et rendent l’industrie de l’assurance « attractive aux yeux des candidats, affirme M. Johnson. Il s’agit de choses simples, par exemple comment est rédigée votre politique de RH? Utilisez-vous les termes “mari et femme” ou “homme ou femme” en ce qui concerne l’ajout des partenaires au régime d’avantages sociaux? » Cette Royaume-UniRoyaume-Uni, LINK s’est associée au Lloyd’s de Londres pour créer un programme de mentorat qui jumelait des professionnels LGBTQ+ débutants et chevronnés. « Il y avait environ 50 personnes », dit M. Johnson, y compris lui-même. LINK UK a organisé des événements sur les droits des personnes LGBTQ+ à l’échelle internationale, encourageant les employeurs de l’industrie de l’assurance à réfléchir à l’expérience des employés LGBTQ+ qui voyagent à l’étranger et au soutien dont ils pourraient avoir besoin dans leurs déplacements.

Soulever ces questions plus générales liées à l’expérience des employés LGBTQ+ dans l’industrie fait partie du travail continu de LINK. « Nous sommes très conscients que l’accès n’est pas synonyme d’inclusion, déclare M. Chaaya de LINK Canada. Nous jouons un rôle auprès de nos commanditaires pour les aider à définir ce que signifie l’inclusion au sein de leur organisation. Attirer des talents est un aspect de la question, mais cela ne s’arrête pas là. »

Le prochain grand événement de LINK Canada est prévu en septembre, à la conférence annuelle de la CRIMS. Sa page LinkedIn a récemment atteint les 500 abonnés. (LINK U.K. organise également une grande fête en septembre pour célébrer son 10e anniversaire, y compris un dîner de gala et de remise de prix.) LINK Canada suscite l’intérêt de tous les secteurs de l’industrie, y compris les cabinets d’avocats, les spécialistes du contrôle des risques et les entreprises de restauration. « C’est assez percutant, indique M. Chaaya. Nous représentons la sécurité et l’inclusion pour les personnes LGBTQ de l’industrie. Même si cela paraît simple, il n’y avait rien de tel quand j’ai commencé. »

Fun in the Sun Quarterly Review Summer 2023

Les plaisirs de l’été

Lever de rideau sur l’assurance des événements sportifs extérieurs, des festivals de musique et des fêtes de rue que nous aimons tant en été

Chaque été, les Canadiens se rassemblent par milliers – parfois par dizaines, voire par centaines de milliers – pour assister à des concerts en plein air, à des courses de voitures, à des matchs de baseball et à des fêtes de rue. Mais rarement réfléchit-on à la façon dont ces événements sont assurés. Les chiffres ont de quoi donner le vertige. Imaginez les nombreux risques contre lesquels un événement comme le défilé annuel de la Fierté de Toronto doit se protéger, compte tenu des plus de 200 000 personnes qui défilent dans le centre-ville de Toronto et des quelque 2,4 millions de personnes qui regardent le défilé.  Ou le Festival de jazz de Montréal, qui s’étend sur plusieurs jours et compte six scènes extérieures. Certains événements comprennent jusqu’à 50 composantes différentes qui nécessitent une assurance. Comment s’articulent tous ces éléments?

L’assurance du divertissement est un domaine spécialisé qui exige une diversité de connaissances. Les trois principaux domaines de protection sont la responsabilité civile, l’annulation et l’équipement. Mais il n’y a pas de formule unique, et chaque événement a ses caractéristiques propres. Un festival de musique en plein air exigera de l’équipement de sonorisation et d’éclairage et pourrait comprendre de multiples fournisseurs de nourriture et de marchandises; les fêtes de quartier installent souvent des aires de jeu pour les enfants et des tentes où l’on sert de la bière. L’emplacement et la capacité de chaque attraction sont également des facteurs de risque. Certains assureurs peuvent aussi examiner la composition d’une foule (par exemple, la tranche d’âge, ou des allégeances d’équipe différentes) et évaluer le risque encouru.

L’assurance du divertissement est un domaine spécialisé qui exige une diversité de connaissances.

En mai dernier, les médias canadiens ont rapporté que le défilé annuel de la Fierté de Toronto risquait d’être annulé, en partie à cause d’une augmentation de 300 % des primes d’assurance par rapport à l’année précédente. L’un des facteurs de cette hausse est le fait que les assureurs actuels, qui étaient traditionnellement les principaux assureurs des événements sportifs et de divertissement au Canada, ont décidé de ne pas continuer à couvrir le risque canadien. Selon Mark Woodall, ancien président de Special Risk Insurance Managers à Vancouver, en Colombie-Britannique, il n’y a pas beaucoup d’assureurs au Canada qui peuvent assurer adéquatement un événement comme le défilé de la Fierté. Il estime qu’il faut jusqu’à 10 assurances différentes. « Il vous faut une assurance de la responsabilité civile, dit-il. Puis vous devez être assurés pour toutes les personnes qui assistent à l’événement. Vous devez être assurés pour les participants à l’événement. Vous devez être assurés pour les badauds qui se promènent dans la rue. Et couvrir le risque automobile. Et le risque météorologique. Et le risque terroriste. » Il énumère également l’assurance des biens, la responsabilité civile professionnelle, la faute professionnelle médicale et les abus.

Étant donné que la couverture d’un grand événement extérieur comprend des éléments globaux et au cas par cas, les compagnies d’assurance font souvent appel à des agents généraux principaux, communément appelés « AGP », pour effectuer une partie ou la totalité de la souscription. Idéalement, affirme M. Woodall, qui a dirigé un cabinet d’AGP pendant 26 ans, toutes les différentes assurances requises pour un événement doivent être intégrées dans une seule police. Les AGP ont accès à de nombreux assureurs qui ont des critères de sélection des risques différents. Les compagnies d’assurance ont généralement une orientation particulière et une expertise limitée, car elles n’ont pas la capacité « de fournir tout à tout le monde », déclare M. Woodall. C’est là que les AGP ayant une expertise en assurance des grands événements sportifs et de divertissement peuvent intervenir. Les AGP concluent des contrats avec de grosses compagnies d’assurance qui leur donnent accès à davantage de fonds et de produits et leur permettent de travailler sous leurs licences, ce qui leur permet de prendre en charge des risques moins connus de ces compagnies. Cette façon de procéder permet aux compagnies d’assurance d’obtenir une part de ces portefeuilles de risque tout en réduisant leurs coûts, car elles ne paient une commission que lorsque les assurances sont souscrites. L’expérience des clients est aussi plus harmonieuse. « S’ils viennent me voir en ma qualité d’AGP, je compose leur contrat et je trouve différents assureurs pour tous les aspects à assurer », explique M. Woodall.

En fin de compte, le défilé de la Fierté de Toronto a eu lieu en juin dernier, probablement grâce à des négociations, a déclaré M. Woodall. Il suppose que ce qui a permis de tenir l’événement, c’est que la sécurité et la couverture des risques étaient assurées et que des mesures d’atténuation des risques avaient été prises. « C’était peut-être le nombre de policiers, dit-il. Ou la façon dont les rues étaient bloquées, ou peut-être bien la limitation du nombre de participants. »

  

« De la crème glacée tombée sur le sol qu’on prend 30 minutes à nettoyer peut entraîner de nombreuses blessures. »

La sécurité est peut-être le risque le plus évident et le plus immédiat auquel il faut s’attaquer dans le cadre d’événements de grande envergure. Mark Woodall était l’un des rares assureurs prêts à couvrir les combats de l’UFC lorsqu’ils sont arrivés au Canada au début des années 2000, et l’une de ses conditions était que 1 000 policiers soient postés dans les cinq ou six pâtés de maisons du lieu de l’événement. « Il faut mettre les choses en perspective, dit-il. Il y a 20 000 personnes dans un aréna. Vous leur donnez de l’alcool pendant deux heures et demie, trois heures. Votre dernier événement est le plus attendu. Et vous faites sortir les gens dans la rue dès la fin de l’événement. Quel est, selon vous, le niveau de testostérone? Quel est le niveau d’agitation? Et là, pour mettre le feu aux poudres, il suffit d’une bagarre, d’un gars qui se met devant une voiture, et voilà, un événement complet est foutu en l’air. » Finalement, il a accepté que le nombre de policiers soit ramené à 700. « Tout s’est bien passé », dit-il.

Woodall a assuré les Jeux panaméricains de 2015 à Toronto, une entreprise colossale. Plus de 6 000 athlètes ont participé à 364 épreuves réparties dans 30 lieux différents sur une période de 20 jours. Woodall a passé plus de 60 heures à évaluer les enjeux de gestion des risques à l’avance, à examiner la capacité de soins médicaux sur les sites de compétition, à prendre en compte les répercussions d’un afflux énorme de personnes ayant des permis de conduire étrangers qui circulent en Ontario, à veiller à ce que les organisateurs aient des renseignements sur chaque athlète et tous les entraîneurs participant aux Jeux. Il a évalué l’efficacité des protocoles de nettoyage. « De la crème glacée tombée sur le sol qu’on prend 30 minutes à nettoyer peut entraîner de nombreuses blessures », dit-il.

Lorsqu’il décide d’assurer un événement, M. Woodall examine également de près les promoteurs. « Quel est vraiment leur but? À quel point sont-ils compétents? dit-il. Si leur but premier est de faire de l’argent, je m’enfuis en courant. » Pour assurer quelque chose d’aussi complexe et à facettes multiples, il est essentiel de savoir que la personne qui dirige l’événement prend au sérieux la sécurité des participants et des spectateurs. « Vous allez avoir des réclamations, c’est sûr et certain, dit M. Woodall. Mais vous devez tout faire pour les réduire au minimum. »

Le courtier torontois Alan Hollingsworth dirige les ventes et la pratique du divertissement pour l’Ontario à HUB International. Il est spécialiste des solutions d’assurance pour l’industrie du sport et du divertissement, domaine dans lequel il travaille depuis 25 ans. Se décrivant lui-même comme un « fan de concerts », il a participé à la mise en place de l’assurance pour de nombreux festivals de musique, chacun comportant ses propres risques. La présence d’artistes est l’une des choses que ces festivals ont en commun. « Nous recommandons toujours fortement qu’ils envisagent une assurance annulation d’événement, notamment pour les artistes clés qui se désistent à la dernière minute, dit-il. Si la tête d’affiche ne peut pas venir, certaines personnes demanderont un remboursement. Elles diront : “La première partie était sympa, mais ce n’est pas pour ça que j’ai payé.” »

La conversion d’un grand champ à ciel ouvert en lieu de concert oblige à mettre en place une infrastructure temporaire (sécurité, « bars » à accès contrôlé, toilettes). Chaque pièce d’équipement doit être assurée, car elle peut être endommagée ou volée. « Il y a quelques années, quelqu’un a volé une toilette portable », rapporte M. Hollingsworth. Les concerts ont leurs propres écosystèmes; une foule d’entreprises y participent toujours. « Les entreprises de sonorisation, d’éclairage, de mise en scène, d’installation de clôtures », explique M. Hollingsworth. Tous les vendeurs qui s’installent doivent présenter leur propre certificat d’assurance. Si une table ou un présentoir s’effondre et occasionne des blessures, les promoteurs doivent être protégés en cas de poursuite. « Les organisateurs pourraient être mis en cause simplement parce que la blessure a eu lieu pendant leur événement », poursuit-il.

M. Hollingsworth a remarqué que de nombreux événements prennent de l’ampleur dans l’espoir d’attirer plus de clients. Les étés au Canada sont courts. Les activités de plein air ont tendance à se dérouler à intervalles rapprochés, et il faut se concentrer sur 10 ou 12 fins de semaine. Souvent, les gens doivent choisir entre les événements. Pour être concurrentiels, les promoteurs doivent chercher constamment à accroître leur offre », déclare M. Hollingsworth. L’un d’eux va proposer de nouvelles attractions pour les enfants, tandis qu’un autre va agrandir la une tente où l’on sert de la bière. Chaque nouvelle attraction comporte des risques supplémentaires. Autre défi que M. Hollingsworth constate depuis quelque temps : celui de la dotation en personnel. Pendant la pandémie, beaucoup de gens ont quitté l’industrie, emportant avec eux une expertise qui doit être reconstituée.

D’après M. Hollingsworth, la grande majorité des événements se déroulent très bien, mais l’accent accru mis sur la sécurité au cours des 5 à 10 dernières années a rendu plus difficile la mise en place d’événements extérieurs pour les organisateurs. Et les assurer s’est également compliqué. Lors d’un festival de rue l’été dernier, il a remarqué qu’en plus de la fermeture de la route principale, des barrières métalliques avaient été érigées pour empêcher les voitures de circuler sur les routes secondaires et parmi les gens. « Quelqu’un paie la note pour cela », dit M. Hollingsworth. Mais il n’y a eu aucun problème avec cet événement, même si plusieurs milliers de personnes y ont participé pendant plusieurs jours. « C’était formidable. C’était génial », dit-il. M. Hollingsworth apprécie l’occasion, en tant que courtier d’assurance, de jouer un rôle dans la tenue d’événements où les organisateurs et les promoteurs rassemblent des foules importantes pendant une courte période, surtout pour les concerts. « La scène procure des moments magiques, dit-il. Des gens viennent voir leurs groupes préférés dans un champ où, une semaine plus tôt, il n’y avait que des pigeons ou des bernaches. »